AARON KEYLOCK: Cut Against The Grain (2017)

Un nouveau venu semble bousculer la scène rock anglaise. Il s’agit d’un guitariste de seize ans qui, en dépit de son jeune âge, a déjà participé à plusieurs festivals européens et partagé l’affiche avec Slash ou Joe Bonamassa. Il sort un disque intéressant, marqué par le style britannique mais aussi par quelques influences américaines. « Spin the bottle » apparaît déjà comme un tube éventuel avec un refrain accrocheur et un bon solo de guitare slide. Aaron Keylock donne aussi allègrement dans le blues-rock rythmé (« Down »), la pop psychédélique des années 70 (« Falling again ») et la ballade bluesy (« Just one question » avec son bon solo de gratte). Il délivre aussi sa version personnelle du blues-rock avec « Medicine man » et « Against the grain » (au refrain légèrement pop). « Try » fait penser à un mélange des Byrds et des Rolling Stones (quand ils découvraient la country music) tandis que le syncopé « That’s not me » tape du côté de la pop anglaise avec un très bon solo de six-cordes. Enfin, la ballade « No matter what the cost » évoque les Guns n’Roses avec quelques accents sudistes en plus. Sur ce titre, le solo de guitare électrique avec effet trémolo déchire bien. En résumé, voici donc un album honnête et rafraîchissant qui se laisse écouter agréablement (bien que certains morceaux sonnent « déjà entendu »). Maintenant, au vu de la campagne publicitaire de lancement, il convient tout de même de relativiser les choses. Un nouveau messie ne vient pas de débarquer miraculeusement sur la Planète Rock. Aaron Keylock n’est pas un nouveau Johnny Winter ou la réincarnation de Rory Gallagher. Il s’agit seulement d’un adolescent assez doué pour la composition, qui sait poser sa voix et possède un bon jeu de guitare compte tenu de son âge. Un avenir prometteur semble s’ouvrir devant lui mais il doit encore travailler et gagner en maturité. Aaron Leylock a choisi le difficile registre du blues-rock pour s’exprimer. Un choix étonnant pour un garçon de son âge, mais également réconfortant car il prouve que la bonne musique ne laisse pas certains jeunes complètement insensibles. Un choix si réconfortant qu’il mérite d’être souligné et… encouragé !
Olivier Aubry